En cette matinée du 15 août 2006 nous étions partis de Luchon avec Stormy91, Stormchase33 et d'autres amis du groupe Stormchaseradventure, à deux voitures avec les talkies walkies.
On peut dire que ce jour-là j'aurai bénéficié de la fameuse chance du débutant puisque notre petit groupe aura eu droit à une supercellule (identifiée par Estofex), ainsi qu'à un certain nombre de curiosités et d'émotions fortes.
Maintenant, place au récit et aux photos :
En fin de matinée après avoir déjà roulé quelques heures, nous sortons d'un snack espagnol où nous avions décidé de reprendre des forces, à quelques dizaines de kms au sud de la frontière et de Luchon. Nous apercevons alors cette masse de congestus en développement qui semble nous appeler dans le lointain :
Plus tard et plus au sud, nous retrouvons les cellules qui se développent encore et toujours. L'une d'elles vient de donner un immense cumulunimbus au sommet majestueusement étalé qu'on distingue très bien dans le lointain bleuté. Il fait très chaud. Je n'ai hélas pas eu le réflexe de le prendre en photo. Autour de moi, on commence déjà à parler de supercellule.
Nous filons alors vers la région de Barcelone car il semblerait que l'endroit y soit le plus intéressant pour le futur en approche. Mais nous nous apercevons rapidement de notre erreur. En effet, à une quinzaine de kms de Barcelone, des entrées maritimes ont brusquement surgi en sens inverse, et nous refoulent. Lors d'une brève halte à l'air libre, le souffle du vent devenu très frais nous donne l'occasion de constater la chute impressionnante des températures. Près de 10 degrès en moins ! On en grelotterait presque...
Nous rebroussons donc chemin en nous dirigeant vers l'arrière-pays.
Quelque temps après, à travers la vitre de la voiture, j'ai alors l'occasion de faire ma seule photo embrassant quelque peu la structure dans son ensemble. Et encore mon cliché n'en rend-il que bien peu de choses, faute de grand angle... A ce stade, pour mes amis la nature supercellulaire de l'orage ne fait plus aucun doute.
Bientôt nous nous trouvons juste sous une trouée de ciel bleu, et constatons que nous sommes en plein dans le centre dépressionnaire : toutes les cellules nous tournent autour. Et on constate dans la foulée qu'elles semblent se ficher éperdument de l'invasion par l'est des entrées maritimes, ce qui nous laisse entr'apercevoir leur puissance potentielle. On décide alors de nous laisser gentiment rattraper par elles au lieu de nous obstiner à leur courir après.
Le ciel s'assombrit ensuite très rapidement.
Nous finissons par nous retrouver sous un nuage-mur dont la rotation, très lente mais bel et bien réelle, se laisse deviner aux yeux perspicaces de mes amis.
Nous nous sommes arrêtés à plusieurs reprises pour observer l'évolution de cette masse sombre. Lors de l'une de ces haltes, il nous est alors donné de voir un tuba se former assez loin devant nous, dardant quelques instants vers le sol sa petite pointe effilée. Si je ne l'ai pas photographié, en revanche j'ai pu le filmer grâce à mon FZ47 qui permet la vidéo. J'ai également découvert ce qu'était un rotor, autre phénomène rotatif que je ne connaissais pas du tout. Enfin, d'impressionnants rideaux de précipitations intenses nous interpellent dans le lointain, prémices de ce qui allait suivre.
Voici le rebord arrondi du nuage-mur :
Une base avec une aspiration ascendante très nette, visible à l'oeil nu. Tous les petits pannus et autres filaient droit dans la cheminée d'aspiration :
J'ai appris ce qu'était un rotor ce jour-là, sorte d'appendice rotatif dans le sens vertical. Je l'ai malheureusement pris un peu tard alors qu'il commençait déjà à se résorber.
Nous décidons alors de reprendre nos voitures, et roulons sous la pluie qui commence à tomber, se transformant rapidement en une très violente averse, ponctuées de rafales de vent. Très vite la visibilité va se réduire à quelques mètres sous le déluge.
Et ce n'est pas fini. Peu de temps après nous arrivons alors dans un village dont les rues sont déjà recouvertes d'eau, plusieurs cms par endroits.
Moi qui ne connaissais des colères de l'eau que les inondations lentes et progressives des fleuves charentais, ici je fais connaissance avec la fureur brutale des eaux type cévenol. Et encore n'était-ce qu'un début... A la vue des gens qui déblaient à la hâte leurs logements, et la couleur orangée d'une fine coulée de boue qui dégouline d'une rue adjacente en grossissant le flot de la rue principale, une sourde inquiétude commence à s'emparer de nous, et nous n'osons pas aller plus loin. Trop dangereux.
Enfin les pluies s'arrêtent et l'orage entame son chant du cygne. Sortis du village en revenant sur nos pas, nous nous arrêtons une dernière fois pour contempler la gigantesque enclume et les très beaux mammatus qui nous recouvrent.
Puis les rayons de soleil reparaissent, dardant à travers les débris sombres de l'orage mourant. Un splendide arc en ciel viendra enfin mettre un point final à l'épisode, arc-en-ciel dont j'ai hélas raté les prises de vue.
Voilà pour cette toute première expérience.